MONGOLIE - A la ger comme à la ger
Périple en terre mongole
L’arrivée à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie est étrange. On réalise physiquement que nous sommes en Asie. Fini l’Europe et la Russie où notre couleur de peau se fondait dans la masse. Désormais nous sommes blancs…
La transition est donc assez dur : nous nous sentons oppressés dans cette ville ultra polluée, où le but est de pousser son voisin pour rentrer avant lui dans le bus et où nous avons l’impression d’être seulement une somme d’argent (en parlant d’argent, on se fait voler notre portefeuille le 2ème jour…) ! Un type rencontré dans le bus provenant de Russie nous semble être providentiel : il nous propose de nous emmener voir sa belle-sœur qui vit dans la campagne, dans une ger (prononcez guerre, yourte en français). On saute de joie, puis on tombe par terre lorsqu’il nous demande 120$ « pour le trajet »... On ne nous l’avait encore jamais faite celle là ! Nos rencontres des 4 derniers mois étaient tellement gratuites et spontanées. On lui explique gentiment qu’être accueillis contre une somme d’argent ce n’est pas trop l’esprit de notre projet. On se rend alors compte d’une réalité de la Mongolie : le tourisme. Ici, fleurissent les agences touristiques, les tours organisés, les locations de voitures avec chauffeur… Et il semble impossible de sortir des sentiers battus. Si on veut rencontrer une famille mongole il faut payer une agence, qui paye la famille pour pouvoir rester chez eux… On rencontre le Père Hervé et le Père André, missionnaires catholiques qui nous confirment ceci, et selon eux c’est même plus prudent car la Mongolie a un climat très rude et on ne peut pas s’aventurer comme ça à l’aveuglette !
Nos visas chinois (double entrées !) en poche, notre article sur la Russie enfin posté, et désormais accueillis chez les missionnaires pour le temps qu’on veut (le luxe !), on décide de s’organiser pour quitter la capitale !
Location d’une tente, pâté et sardines périmés dans le sac, pain et gourdes remplies ! On est prêt ! On part pour 3 petits jours à seulement 80 km de la capitale pour tester notre matos dans le parc national. La randonnée vaut le coup : les paysages sont à couper le souffle, et le temps est magnifique même si les nuits restent fraiches. En passant près d’une ger, au milieu des chevaux, une mongole avec ses deux filles nous propose de boire le thé. Sympa ! Sauf qu’au bout de deux minutes elle nous affirme que nous ne pouvons continuer notre chemin à pied car la rivière a débordé et que nous aurons de l’eau « aux chevilles » puis « à la taille »… Heu, mais on ne traverse pas de rivière sur notre carte… Et là tout s’explique : elle nous propose de nous emmener à cheval pour 15€… La blague… on est écœuré. On passait par là sans rien demander, et quand on refuse elle ne nous adresse plus un seul regard et on repart affronter cette mer (qui finalement sera totalement contournable). Le tourisme de masse a tué quelque chose dans ces régions…
On passe deux jours à Oulan-Bator pour désormais se préparer pour 7 jours de randonnée, beaucoup plus loin de la capitale. Entre-temps, on rencontre Marie et Joseph (noms de baptême !), un des rares couples catholiques mongols mariés à l’église. Ils nous accueillent comme des rois et on commence à comprendre un peu mieux ce pays et à les aimer aussi ! On quitte nos hôtes missionnaires et on part à 7h de route, dans une région magnifique. On a acheté une carte datant de 1990 (la Mongolie fait parti de ces pays où rien n’est indiqué, pas de plan, pas d’horaires de bus, pas de carte vraiment à jour…), et on a tracé un itinéraire. L’objectif : 180 km en 6 jours, 6 nuits, puis trouver une voiture pour nous emmener le samedi à Arvaikheer où 3 missionnaires catholiques sont présents depuis 2008 !
Ces journées sont splendides, les paysages absolument incroyables avec des gers en pleine nature tous les 3km (des « yourtes natures ») et les mongols ultra accueillants ! Enfin on touche du doigt l’accueil mongol ! Un après midi, on se fait surprendre par des grêlons : on se réfugie sous le poncho de Mat – qui est désormais une petite passoire – et comme le temps nous fait peur on demande à une ger si on peut planter notre tente près de chez eux. Hors de question : nous sommes leurs hôtes ! On reste diner, et dormir chez eux. Dormir dans une seule pièce avec un couple mongol bouddhiste qu’on ne connaît pas ça n’a pas de prix ! Ils sont adorables, on arrive à se comprendre un peu par un petit dictionnaire prêté par un sauveur le matin de notre départ. Ils ont une fille qui est professeur d’anglais à Stockholm, ils sont déjà allés en Europe et y retournent l’année prochaine… A côté de ça pas d’eau courante, l’électricité grâce à un petit panneau solaire (pour la télé) ! C’est énorme ! Ils veulent absolument qu’on les prenne en photo et pour ceci la dame se remaquille et enlève son vêtement traditionnel si beau pour mettre un haut de survêtement horrible ! Mais pour eux c’est bien mieux ! Excellent ! Ils sont adorables et au réveil quand on découvre le centimètre de neige dehors on se sent plus qu’heureux de cette rencontre.
Pendant cette semaine nous sommes l’attraction des cavaliers mongols qui viennent nous observer à 10 cm, et qui s’assoient à nos pieds lorsqu’on démonte notre tente le matin !!
La Mongolie connaît les écarts de températures les plus importants entre le jour et la nuit. Et le printemps est toujours changeant : nous avons donc eu les quatre saisons en 6 jours… ! Fatiguant mais magnifique (allez voir les photos !!)
Le samedi, on réussit à trouver un pick-up pour faire les derniers 80 km pour arriver à temps à la messe. Mythique ! 2h de pistes, toujours dans des paysages splendides, un arrêt pour re-scotcher son volant qui grinçait… Bref, on adore ce pays !
Et l’arrivée à Arvaikheer, ville de 30 000 habitants et magique : on découvre une petite congrégation italienne (Consolata) avec le Père Giorgio, sœur Lucia et sœur Gertrude. Des amours ! Ils étaient au courant de notre arrivée grâce à nos amis d’Oulan-Bator. Deux chambres, avec des draps, une douche et des serviettes propres nous attendent… Après une semaine ça devenait plus que nécessaire !! On reste deux jours avec eux, à découvrir cette mission (avec ses 15 baptisés), où l’église est une ger, où les enfants nous adoptent en un regard et jouent avec nous, et où nous mangeons des pâtes et buvons du café…
Ces missionnaires nous émerveillent. Ils sont là, présents dans ce pays où la vie n’est pas facile (-40°C l’hiver, beaucoup de problème d’alcool, des familles peu sables car sans vraiment de repères). Et ils sont « là pour servir » comme dit le Père Giorgio. Le but d'une mission n'est pas simplement d'avoir beaucoup de baptisés. Ils sont là et prient pour ce pays. L'évangélisation est aussi le désir que chaque personne grandisse humainement et spirituellement, nous expliquent le Père Hervé et le Père André. La Mongolie a seulement 900 baptisés et est souvent appelé l’Eglise des pauvres (article dédié à ces missionnaires prochainement).
Nous avons donc plus rencontré des missionnaires que des couples. La barrière de la langue mais aussi la grande différence culturelle ne nous ont pas permis de faire beaucoup plus de rencontres de couples malheureusement.
L’Asie a donc vraiment commencé et et demain nous partons pour la Chine !
NOS PHOTOS ICIIIII
OU EN SOMMES - NOUS LAAAA