CHINE - Ma Chine à enfant unique
A la rencontre des couples chinois
Les chinois sont excellents : ils se marrent tout le temps, nous aident tant qu’ils peuvent, proposent à Matthieu de se raser la barbe, conduisent n’importe comment et mangent leur soupe à la baguette (assez dur pour nous et surtout très très bruyant au petit déjeuner). Et puis la notion du silence n’existe pas ! Les trains sont équipées de radio où la musique est à fond ; au milieu de la nuit : le chinois répond au téléphone ou cherche une nouvelle sonnerie de portable… Et évidemment personne ne s’en offusque… à part nous… !
Grâce à Yi, un contact catholique chinois (ami d’ami), on se fait dorloter pendant toute nos 3 semaines de descente vers Hong-Kong.
Un premier contact, Paul son cousin, nous attend à Pékin et nous prête un… appartement ! Le rêve ! Première fois en 4 mois, on ne se rendait pas compte à quel point ça nous manquait. On découvre cette ville de folie et Paul (prénom de baptême) nous fait rencontrer un super couple catholique de l’église de Pékin.
On descend ensuite au sud-ouest de Pékin, à Taiyuan où Yi nous attend. On passe 5 jours dans sa famille avec leurs…3 enfants. Yi parle parfaitement français et nous fait rencontrer un couple bouddhiste et un moine dans un monastère (cf prochain dossier). Le week-end, une de ses amies, Miru, nous emmène dans un village 100% catholique. Inimaginable ! En arrivant St Matthieu, St Simon et St Pierre nous accueillent sous la forme d’énormes statues, des croix sont sur chaque maison, et l’église peut accueillir 3000 fidèles… On assiste à la messe dominicale qui est à 5H40… Et l’église est bondée dès 5h15 car il y a un chapelet ; normal. On file ensuite avec toute la famille de Miru vers un sanctuaire marial connu en Chine. Après deux heures de voitures on arrive tout en haut d’une montagne magnifique et on retourne à la messe (youpi). En sortant plein de chinois sont abasourdis de nous voir, nous montrent du doigts et… nous prennent en photo… au début c’est marrant mais à la fin on en a ras la bol ! Miru nous explique qu’ils n’ont jamais vus de blancs en vrai (ils viennent de villages isolés) !!! On retourne chez Yi et sa famille chez qui on se sent vraiment bien ; leurs enfants sont à croquer.
On explique à Yi que nous n’avons aucun programme pour la suite alors il appelle un prêtre qui nous accueille pour 3 nuits, plus au sud dans un village de 1400 habitants avec 1400 catholiques… Faut arrêter là ! (Ces deux villages se sont créés suite au regroupement de familles catholiques dans les années 1900). Ici une nouvelle église, plus grande, a été construite en 2000 à la chinoise, c’est magnifique ! Pas d’eau courante et les lits sont durs comme du bois (ndlr : depuis Pékin c’est hallucinant les lits n’ont pas de réel matelas : c’est plus dur que nos tapis de sol…). Le père Francis parle à peine français mais on arrive à échanger quelques mots (assez marrant !).
Après ces 3 jours, le père nous met dans le bus (nous le paye à moitié…) et on arrive 4h plus tard à Xi’an où une amie de Yi nous attend, c’est presque trop simple ! Fang-Fang a 25 ans et se démène pour nous faire rencontrer des familles chinoises : on dort donc dans deux familles différentes et Fang-Fang se transforme en traductrice professionnelle, les discussions sont passionnantes.
Enfin, Hebo nous accueille pour notre dernière nuit avant Hong-Kong à Shenzhen. Encore une fois accueil incroyable !
Pendant ces 3 semaines nous avons appris énormément. En vivant avec toutes ces familles nous avons réalisé l’impact énorme de la politique de l’enfant unique. Cette loi, mise en place en 1976, a totalement changé les états d’esprits. Beaucoup de couples, même s’ils le pouvaient ne souhaitent pas avoir plus d’un enfant. Eduquer plus d’un enfant paraît insurmontable pour les chinois alors que la loi est ultra récente… Même les personnes issues de familles nombreuses (avant la loi) et ayant eu eux-mêmes plusieurs enfants, n’arrivent plus à concevoir qu’un couple ait plus d’un enfant. Le gouvernement, selon un grand-père que nous avons rencontré, a instauré cette loi pour créer une élite chinoise : avec un seul enfant on assure un meilleur avenir à la Chine (meilleure éducation possible). Aucune famille rencontrée n’a parlé de problème démographique… Mais seulement d’éducation, de finances, d’appartement…
Cheng et Hua ont trois enfants et souffrent énormément de cette situation. A l’annonce de sa 3ème grossesse personne ne l’a félicitée… Ni même sa famille, ni ses amis… On lui a demandé plusieurs fois pourquoi elle n’avortait pas et on lui disait qu’elle ne s’en sortirai jamais… A la naissance de leur petite fille (après 2 garçons), on lui disait qu’elle avait de la chance que ce soit une fille et non un fils (car dans l’esprit de beaucoup de chinois, les parents sont censés acheter un logement à leur fils lorsqu’il se marie).
Le grand-père quant à lui a eu deux enfants après la loi et pendant 14 ans on lui a retiré 20% de son salaire (qui était de 5€). D’autres ont vu leurs maisons brulées, leur champ confisqué…
Concrètement aujourd’hui si un couple a plus d’un enfant alors celui-ci n’est pas nationalisé (impossible d’aller à l’école publique, de travailler légalement…). La famille doit payer une somme astronomique ou alors connaître la bonne personne (pour payer un peu moins) pour que leur enfant soit reconnu en Chine…
(La loi peut s’assouplir parfois : dans certains villages les familles peuvent avoir plus d’enfants, si chaque personne du couple est enfant unique il peut avoir deux enfants et certains couples sont allés accoucher à l’étranger).
Ce qui en découle ce sont des écoles entières avec seulement des enfants uniques. Des enfants qui vivent sous le regard constant des parents et grands-parents et ont une pression énorme. Une fille de 13 ans nous explique qu’elle a 8h de cours par jour, 4h de travail personnel chaque soir, le samedi : danse + piano et le dimanche : cours particulier d’anglais ou, une fois par mois, journée d’exam. Ses parents trouvent cela excessifs mais ne peuvent rien faire : le système est fait ainsi. Ils trouvent d’ailleurs que le rythme en France est beaucoup plus romantique.
Un autre point très intéressant que nous découvrons dans ce pays est la place de la famille. Le couple qui se marie vit avec ses parents (ceux de la femme ou de l’homme cela dépend). C’est quasi obligatoire en Chine ! Héritage du confucianisme où la hiérarchie et le respect des supérieurs sont la base de tout. Un prêtre nous disait même « si tes parents te demande de mourir, tu dois mourir » !
Donc la plupart des couples vivent avec leur enfant et leurs parents. Concrètement les parents partent travailler la journée et les grands-parents s’occupent à 100% de l’enfant et de la maison. Paul, chez qui nous étions à Pékin, nous a laissé son appartement libre car il vit avec sa femme et leur fille chez ses beaux-parents 500 mètres plus loin… Un autre couple rencontré et vivant juste avec leur fille nous explique qu’ils auraient aimé vivre avec leurs parents mais que son frère y vit déjà avec sa famille… Fang-Fang souhaite elle aussi vivre avec ses beaux-parents une fois mariée car elle trouve que leur avis est important, qu’ils sont plus sages.
Certains amis rencontrés en route nous disent qu’en Chine nous serions blâmés de faire ce voyage, de ne pas nous occuper de nos parents. On nous a même demandé si nos parents étaient d’accord… Heu !
Le seul contre exemple rencontré pour l’instant est Cheng et Hua et ils en souffrent énormément. Car en Chine si on ne vit pas avec ses parents, on se dit alors qu’il y a un problème, qu’on ne les aime pas… Hua ne travaille pas pour s’occuper de ses enfants, et les gens ont aussi du mal à comprendre ce choix.
Le sujet du couple est passionnant en Chine ! Nous parlerons de bouddhisme une fois la Chine terminée pour essayer de rencontrer d’autres couples (ce qui n’est pas facile !). Et depuis hier, nous sommes à Hong-Kong !
Les photos sont ICI !
Où on est-on c'est par là !