INDE - Hindou bazar
A la rencontre de couples hindous et catholiques en Inde
On a beau s’y préparer, on a beau y être déjà allé (pour Marie-Alix) l’Inde nous choque. On arrive à Gorakhpur, ville frontalière avec le Népal et tout y est : l’odeur, les enfants qui dorment à même le sol, un petit garçon qui lave sa pomme dans l’eau noire des égouts, un rat mort, une vache la tête dans un tas d’immondices et les regards durs des Indiens sur une femme blanche. Après déjà 10h de bus du Népal, nous voici coincés ici à attendre notre train pour Calcutta du lendemain. L’hôtel est plus que miteux, entre les cafards, la couleur des murs, l’état des draps et de la salle de bain, l’odeur, on ne dort pas très bien !
Heureusement la suite s’annonce plus joyeuse ! Après 24h de train (encore au milieu des cafards et de quelques indiens aux yeux bien fixés – on commence à s’y faire) nous arrivons à Calcutta. Premier achat pour Marie-Alix : une tunique estompant les rondeurs féminines et c’est parti nous sommes prêts pour l’Inde ! Calcutta nous plaît, nous rencontrons un seul couple catholique (mais indien vaut mieux que deux tu l’auras) qui nous accueille dans leur petit appartement, nous faisons un tour à la Mother House (maison mère de Mère Theresa), et nous dormons un peu !
Nous avions sélectionné quelques villes pour rencontrer des couples et des familles : Chennai, Bangalore, Goa et Delhi. C’est donc après 26h de train (nous avons fait les riches et pris avec Air Conditionné !) que nous atteignons Chennai. Mani, un ami d’un français rencontré à Calcutta nous accueille à la gare. Il est intouchable, vit dans un slum (quartier pauvre voire bidonville) avec sa maman, sa sœur et son frère et travaille dans une ONG pour la scolarisation d’enfants. Grâce à lui nous rencontrons des supers couples où les mariages ont tous été arrangés. « On a arrangé notre mariage, et le fait de savoir que le divorce était quelque chose d’impensable nous a aidé à nous aimer, car cela nous a poussé à résoudre les problèmes, à les affronter. Sans le mariage, ce n’est pas possible de se comprendre. » Dans tous ces couples où les époux ne se connaissaient pas avant de se marier, nous sentons une vrai force et un véritable amour. Le divorce n’étant pas une solution envisageable, ils tentent de régler les problèmes et d’avancer ensemble. « Il faut toujours essayer de se pardonner. Mais aujourd’hui les mentalités changent, et beaucoup de mariages "échouent" » nous disait Vivette. « Les gens ne cherchent plus à se comprendre, et certains ont beaucoup d’argent donc se disent qu’ils peuvent divorcer et se séparent facilement. » (cf.dossier).
La place de la famille est très forte. A Bangalore où nous sommes accueillis chez Garnet et Hector les responsables de Couples For Christ, nous nous rendons compte encore une fois de l’importance de la famille. Le mariage ne se fait pas entre deux personnes mais entre deux familles. Et plus précisément c’est la femme qui part vivre avec sa belle famille. « Au début avec mes beaux-parents c’était difficile, mais ensuite en aimant son mari on apprend à aimer sa belle-famille », nous expliquait la fille de Jayaraman et MuthuLakshmi. D’autres témoignages sont plus douloureux comme Supryia battue pendant 11 ans par son mari sous les yeux de ses beaux-parents qui ne la soutenait pas. (cf. dossier).
Des règles, qui sont un mélange entre religion Hindoue et culture, sont parfois difficile à avaler par les couples rencontrés : « Nous avons dû attendre 8 ans avant de nous marier, car ma sœur n’était pas encore mariée, et la coutume veut que les filles se marient avant les garçons dans la famille, même si elles sont plus jeunes. »nous racontait Mani à Bangalore. Quant à Hector et Garnet, ils nous racontent : « mes parents m’avaient dit qu’ils ne s’opposaient pas au mariage, mais m’avaient demandé d’attendre car ma sœur n’était pas encore mariée. Mais j’ai décidé de me marier rapidement, du coup ma maman n’est pas venue à mon mariage par respect pour ma sœur. » (cf. dossier)
La notion de respect est très forte. On respecte ses parents en attendant leur bénédiction pour faire quelque chose, en leur donnant de l’argent une fois marié, en s’en occupant dans leur vieillesse.
La religion Hindoue est très très vaste. Il est très difficile de dissocier ce qui est religieux de ce qui est culturel et chaque couple rencontré nous donnait sa propre vision de leur religion. Impossible d’en faire donc un quelconque « bilan », bref c’est hindou bazar.
Après Bangalore c’est parti pour Goa, anciennement portugaise, où des amis catholiques d’Hector et Garnet nous accueillent. On espérait profiter du sable propre de ses plages mais pas de bol nous restons sous 2 jours de pluie ! On en profite pour aller se recueillir devant St François Xavier, St Patron des Missionnaire, qui repose à Goa. Et à Goa on affiche sa Foi, et ici les gens sont catholiques, alors les bus se prénomment « Ste Vierge de l’Assomption », « Jésus mon Sauveur », « Notre Dame de Fatima » ! Et des images de Jésus et de la Vierge sont omniprésentes. Culture asiatique où l’on aime les images, les statues, et le « worship ». Nous sommes impressionnés par la vie de prière de nos hôtes catholiques : prière le matin, messe à 6h30 juste après, chapelet tous les soirs… Et plus si affinité. Quasiment chaque famille fait son chapelet chaque jour, qu’aucun enfant ne doit manquer, et ils semblent très surpris de savoir qu’on ne fait pas cela chez nous ! Parfois un peu déconcertant de passer d’une prière à une autre, de les voir embrasser chaque statuette religieuse de leur appartement… Mais tellement incroyable aussi de se dire qu’ils mettent Dieu au centre de leur vie de façon aussi concrète.
Et voilà : nous prenons notre dernier train et pas le moindre : 36h sur Delhi superposés pour arriver à Delhi. Neuf mois de train et de bus, on pensait alors profiter des dernières heures de celui-ci ; mais la saleté, les bébêtes qui grimpent, et le vacarme des indiens nous poussent à regarder notre montre ! Une famille française contactée avant même notre départ nous avait proposé de venir pour les derniers jours chez eux. Quatre jours au top dans un petit coin de paradis à l’extérieur de Delhi. Malheureusement beaucoup trop speed, on voudrait plus glandouiller près de la piscine !!! Nous rencontrons nos trois derniers couples indiens ici grâce aux français et nous témoignons pour la première fois devant quelques personnes de la communauté catholique de Delhi !
Demain matin nous prenons l’avion, demain soir nous sommes à Lyon…
Le projet se termine et nous ne réalisons pas très bien !
Neuf mois de rencontres intenses, d’accueil incroyable par des familles, des prêtres, des congrégations de toutes sortes ! Neuf mois à discuter sur le sujet du couple, de l’amour, de la famille et de la Foi. Neuf mois à rencontrer l’Eglise Universelle qui nous a ouvert ses portes d’une si belle manière et qui nous a montré son unité dans sa diversité. Neuf mois dans les transports, à chercher un logement, à manger autre chose que du saucisson-ma-passion, à être dans des endroits super sales ou super propres, à raconter notre projet toujours de la même manière avec la même intonation de voix, à ne pas comprendre et à acquiescer par des « yes, yes »….
Voilà, on rentre demain…
Notre Dossier sur les couples : LAAAAA
Nos photos : ICIIIIIII
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